DOROTHÉE - Album UNE HISTOIRE D'AMOUR (1992)

Kumpel a écrit:Écoute, pourquoi pas après tout. Ce n'est pas la première fois que le public fait d'une chanson une interprétation éloignée de l'intention initiale de son auteur.

Super Ted a écrit:Je n'ai pas DU TOUT parlé de JLA dans mon post et je n'ai pas NON PLUS parlé de théorie....mais juste d'une analyse possible du texte de la chanson....

Super Ted a écrit:Dans beaucoup de morceaux de Dorothée, il est question du sentiment amoureux : du moment où l'on commence à ressentir les premiers émois (ah, ces fichus "papillons dans le ventre", boudiou ) jusqu'à la cruelle rupture.

J'ai longtemps cru que le splendide "Mourir mon coeur" n'était qu'une chanson de plus évoquant une rupture douloureuse pour Dorothée.
J'ai mis (très) longtemps et mon humeur du jour y a surement joué pour beaucoup mais, pas plus tard que ce mercredi 23, une autre interprétation de la chanson m'a "sauté aux oreilles".
Dorothée parle-t-elle véritablement d'un amour qui se termine dans "Mourir mon coeur" ? Certes, le titre de la chanson peut s'apparenter à la fin d'une relation qui se terminerait dans la douleur.
Pourtant, si on tend l'oreille, on peut légitimement se demander si, dans ce texte, Dorothée n'évoque pas purement et simplement...la violence conjugale.
Elle compare l'homme auquel elle s'adresse à des animaux pas toujours réputés pour être les plus sympathiques qui soient : des fauves, des hyènes, des serpents,...
À cela s'ajoutent des guerriers féroces (les Huns d'Attila) et même carrément les flammes de l'Enfer....rien que ça ! L'Enfer....la "résidence" du Diable, le Mal à l'état pur.
Or, elle ajoute que cet homme inconnu est bien pire que tout cela : Il est le plus terrifiant des esprits malins.

La violence conjugale arrive, en filigrane, au refrain : l'homme a saccagé sans raison son bonheur et changé son horizon en douleur. La Dorothée blessée de ce morceau serait-elle tellement brisée qu'elle n'envisagerait même pas de retrouver le bonheur un jour? S'avoue-t-elle vaincue sous le coups de son bourreau? Cela contraste fortement avec la Dorothée forte de "Dorothée rock" ou "Pas peur des coups". Dorothée se retrouve soumise à l'emprise de cet homme et à ses maltraitances.
Le mot emprise pourra également dénoté une forme de manipulation. On sait aussi de cet homme qu'il a volé la saveur des passions de Dorothée. Elle est donc brisée et n'a plus goût à rien. Dorothée ajoute qu'elle est la cible permanente de cet homme depuis qu'ils se connaissent....L'idée d'une certaine manipulation s'insinue à ce moment dans l'esprit. Dorothée a-t-elle, en compagnie de cet homme, avant que la situation ne dégénère, alternée les moments de joie et les moments de peine....En clair, Dorothée est-elle ici victime d'un pervers narcissique  ? Un manipulateur tordu qui prendrait un malin plaisir à "jouer" avec elle ? Il n'est pas interdit de le penser.

Dorothée renonce-t-elle dans cette chanson ? Bien que l'on ne parle pas de mort au sens physique, elle évoque textuellement la mort de son coeur. Cela veut-il dire qu'elle renonce purement et simplement ? Est-elle dans un renoncement total. Renonce-t-elle à essayer de se battre ? de protester ? de se reconstruire une fois la tempête passée  ? C'est inhabituel d'entendre une Dorothée soumise

Quoi qu'il en soit, "Mourir mon coeur", en dehors de son extrême beauté, est sans conteste l'un de titres les plus douloureux de Dorothée. Probablement le plus violent et l'un des plus adulte et mature également. Il est aux antipodes des chansons évoquant des ruptures qui, bien qui douloureuses dans le contexte où elles nous sont racontées, restent plutôt soft et relativement indolores.


Il n'y a probablement rien d'inédit dans ce que je dis et je suis certain que bon nombre d'entre vous y ont déjà pensé mais je tenais à partager. Chacun choisissant de faire ce qu'il veut de cette tentative d'analyse.