La genèse de Dorothée Chanteuse - Analyse et échanges entre fans

Coucou,

Je commence à prendre mes marques progressivement au sein du forum.

Je suis passionné par Dorothée depuis mon enfance et elle continue de m'accompagner dans l'âge adulte. D'ailleurs, ma passion ne s'altère pas. Elle ne s'étiolera jamais, c'est une certitude. Pourquoi ?

Aujourd'hui, grâce à la diffusion de plusieurs médias, nous avons accès à l'envers du décor, les coulisses. Notre pouvoir d'abstraction et d'analyse qui sont propres à l'âge adulte nous permettent d'avoir une posture réflexive à l'égard du parcours discographique de Dorothée.

Quand nous étions petits, nous étions dans la passion pure et simple : nous écoutions et nous chantions les chansons et même si nous étions déjà sensibles aux codes et à l'univers thématique / graphique de notre chanteuse, ces aspects n'étaient pas forcément prioritaires.

Aujourd'hui, ma passion consiste aussi à m'intéresser à la genèse de sa carrière de chanteuse : comment est - elle devenue Dorothée Chanteuse ? Je sais qu'Alban est fasciné aussi par ces aspects.

Grâce à mes lectures, j'ai essayé de croiser plusieurs sources pour produire une réflexion sur la genèse de cette chanteuse.

Je me permets donc de vous exposer certaines réflexions et d'en parler tous ensemble :

2 hypothèses contradictoires viennent expliquer la genèse du statut de Dorothée, la Chanteuse :

Tout aurait commencé avec Pierre Sissmann, alors chef de produit chez CBS qui dit avoir remarqué Dorothée pour la première fois vers Octobre ou Novembre 1978 : "J'étais chez mes beaux - parents quand un Samedi, à la fin du repas, j'ai été interpellé par Dorothée qui passait alors sur Antenne 2."

A l'époque, Pierre Sissmann travaille sur un projet de "K7 route" pour les enfants, à écouter en voiture. Sur ces cassettes audio sont prévues des contes, des jeux et des chansons. Dorothée n'y tient pas vraiment et se sent totalement incapable de chanter : "Je ne chanterai jamais", lui aurait - elle répondu.

Pierre Sissmann parle alors de Dorothée à un certain Jean - Michel Fava : "Il m'a répondu qu'on devrait en parler à Jean - Luc Azoulay, ce qu'on a fait."

Cette hypothèse ne pourra pas être corroborée par la révélation de Jean - Luc Azoulay en 2008. En effet, le producteur de Dorothée affirma dans un chat avec les internautes de lepoint.fr qu'il avait découvert Dorothée en 1976 ou 1977 en regardant la télévision au lit alors qu'il souffrait d'une hépatite virale.

En 2022, nous ne sommes pas encore en mesure de formuler précisément comment Dorothée a été repérée et il serait peut - être intéressant de contacter les protagonistes de cette histoire pour connaître la vérité ? Est - ce possible ?

Toujours est - il que Jean - Luc Azoulay se laisse séduire par le talent de cette jeune fille !

Le producteur projette sur Dorothée le fantasme d'avoir SA star à lui, sa Sylvie Vartan et d'en faire une chanteuse populaire. Ce sera la finalité du projet de sa vie et celui - ci se concrétisera dans les années 90 puisqu'il positionnera définitivement Dorothée dans un statut de chanteuse populaire et familiale.

Selon ma propre analyse, son objectif ultime était de faire de Dorothée, sa Sylvie Vartan afin de l'ancrer dans un univers discographique proche des standards des années 60. Mais il fallait dans un premier temps, la "marketer" auprès des enfants, dans un terrain facile à conquérir et pour lequel il n'y avait pas beaucoup de concurrentes. La société AB Productions avait besoin d'une véritable égérie, d'une Star afin de faire décoller les ventes de leurs productions musicales et le marché du disque pour les enfants était une manne financière.

JLA perçoit le potentiel chez Dorothée et il va user de son pouvoir de persuasion pour la faire CHANTER ! Se profile alors une constante dans la relation entre le producteur et son artiste : le producteur essaye de convaincre et persuader, il rassure sa protégée sur ses capacités et son talent et même si l'artiste répond toujours négativement dans un premier temps, elle est mise en confiance et elle entre progressivement dans le projet proposé.

Le producteur va procéder par étapes dans son dessein de la faire chanter :

Face au scepticisme de Dorothée, que JLA contacte car il tient à collaborer avec elle, il insiste en lui proposant plutôt de travailler sur un disque de contes, ce que Dorothée accepte.

C'est alors qu'est écrit pour Dorothée, l'album Dorothée au pays des chansons. Au départ, il envisage de lui confier un rôle parlé tout en souhaitant bien sûr aller plus loin.

Avec sa détermination discrète mais tenace et une patience à toute épreuve, il finit par apporter à celle en qui il croit, ce qui lui manque le plus : LA CONFIANCE EN ELLE !

Les premiers essais, les premières expériences d'une chanteuse en devenir :

Dorothée accepte de faire un essai et l'enregistrement de ce premier disque pose les bases d'une carrière discographique prolifique !
L'enregistrement du conte musical qui sort le Samedi 15 Mars 1980 permet à Dorothée de se découvrir des talents de chanteuse  

De quelques phrases, elle se surprend à enregistrer au fur et à mesure des chansons complètes. Ce talent sera façonné par Annette Charlot qui apprendra à Dorothée à gérer sa respiration, à contrôler son diaphragme et à placer correctement sa voix mais surtout à éviter de la casser et de la fragiliser.

La carrière de chanteuse est lancée et dans l'ombre, il y a une relation duelle et une alchimie qui commence à poindre : d'un côté, un producteur - manager et de l'autre une Vedette. C'est le deuxième point qui sera abordé très prochainement.

On a beau tacler JLA, et moi le premier, il faut quand même admettre que sans lui les choses auraient été différentes, j'entends par là que Dorothée n'aurait probablement pas connu la gloire qu'on sait. Plus généralement, la plupart des grands artistes et en particulier féminines, ont un manager plus ou moins dans l'ombre qui chapeaute leur travail et leur carrière, je pense à René Angelil pour Céline, à Loulou Gasté pour Line Renaud, Johnny Stark pour Mireille Mathieu, Orlando pour Dalida, Claude Carrere pour Sheila et Linda De Suza, etc.
Quelques unes ont eu du mal à s'en affranchir lorsqu'elles l'ont voulu, et mener une carrière à succès sans eux ne coule pas de source.
Personne ne doutera ici de mon immense affection à l'égard de Dorothée mais en toute objectivité je doute que ce soit une femme qui prenne les choses seule en main. Elle a besoin d'un appui, d'une impulsion, elle a besoin d'être poussée sur la scène. Il suffit de l'écouter pour s'en convaincre. Elle attend que les choses arrivent. En ça je pense que JLA a pu, de longues années, être l'homme de la situation pour elle. Et ce qu'il a fait pour elle doit être reconnu.
Je fais exception de l'album 2010, qui lui est impardonnable, on est tous d'accord là-dessus.

J'adore lire Monsieur Kumpel !

Je te renvoie bien volontiers le compliment !

Je note dans ce texte passionnant, la présence de monsieur Pierre Sissman qui deviendra plus tard le président de disney en europe et qui sera remercié dans divers cd d'ambassadrices disney qui ont comptés tout autant que Dorothée dans mon imaginaire j'aime quand les passions s’entremêlent, le monde est décidément bien petit. Du coup je me demande si Sissman et Azoulay ont gardés contact ... et qu'en est il de la franchise disney qu'est ce que ça aurait donné si Do avait eu, en parallèle de sa carrière, un rôle d'ambassadrice disney plus important qu'un unique single. mais ça c'est pour plus tard chronologiquement parlant ^^

ps : tu prévois de devenir le biographe de Dorothée avec ce sujet ? ^^
Une belle biographie / référentiel dans les rayons, ça déchirerai !

Je reprends certains éléments mentionnés par Kumpel et toi dans vos posts précédents demain.

Pour te répondre, je n'invente rien tu sais ! Je n'ai fait que synthétiser le fruit de mes lectures d'ouvrages qui existent déjà et puis j'y ajoute quelques éléments de ma propre analyse.

En revanche, je rêverais que JLA soit interrogé pour parler de la discographie de Dorothée : je suis persuadé qu'il aurait tellement de choses à dire.

Lorsqu'il est interrogé, c'est toujours pour dire la même chose à destination du grand public.

Je rêve et je nourris l'espoir qu'un jour Fred envisage, dans sa ligne éditoriale, de créer de nouvelles émissions pour la chaîne, dans le dessein d'analyser le parcours musical de notre Dorothée.

Je rêverais aussi que Gérard Salesses nous fasse une visite du studio son pour évoquer des anecdotes sur les secrets de la conception des albums de Dorothée.

Cet endroit est désacralisé à cause de la série des Mystères de l'amour : ça me répugne de les voir tous aller dans cet endroit si sacré.

pour les mystères, je suis loin d'être un expert mais en es-tu sur ? Le studio c'est pas le studio fait par JLA après avoir quitté AB ? Et donc du coup la seule présence de DO a ce studio c'est pour 2010.

Pour les souvenirs de JLA on a tous je crois au fond de nous ce souhait mais le monsieur semble oublier pas mal de chose concernant sa série actuelle qui est censé être en accord avec Hélène et les garçons. Je me demande donc s'il n'y a pas le problème de la mémoire qui se pose. Car moi l'opus Hou la menteuse j'aimerai bien avoir un éclairage la dessus ainsi que sur celui du "mort-né" fait avec disney (en 81). Du coup ça me turlupine, Hou la menteuse véritable album ou bien un album patchwork fait avec un peu de ci et de ça ?

Didi a écrit:pour les mystères, je suis loin d'être un expert mais en es-tu sur ? Le studio c'est pas le studio fait par JLA après avoir quitté AB ? Et donc du coup la seule présence de DO a ce studio c'est pour 2010.

Le studio que vous pouvez voir dans LMA est bien le studio son AB qui a permis à Dorothée et tous les artistes AB d’enregistrer leurs disques depuis 1989. Il a souvent été montré dans Hélène et les Garçons et vous pouvez le voir dans les clips « Je m’appelle Hélène » et de « Bonheur City » également

Mea Culpa, merci Fred.

Les anecdotes sur la découverte de Dorothée ne me semblent pas contradictoires.

Azoulay découvre Dorothée à la télé à cause de son hépatite virale mais omet de préciser le coup de fil d'AB.

C'est du même niveau que "George Lucas a demandé à Dorothée une chanson pour le film des Ewoks."

La véritable anecdote est racontée dans le livre "La saga Star Wars vue de France."

n'ayant pas ce livre ça serait bien si on pouvait avoir une photo du passage en question si c'est possible ou une retranscription si c'est pas trop long.

Un cadre de Fox France raconte qu'il supervisait une projection-test du film auprès d'enfants. Les tout petits disaient avoir peur de la voix de vieillard du narrateur. Il a cherché une voix qui pourrait rassurer les enfants et a pensé à Dorothée. Azoulay, jamais à court d'opportunité, a accepté à condition qu'il puisse sortir une chanson autour du film comme pour Rox et Rouky. Lucasfilm (au travers de la personne en charge de la licence) a donné son accord pour une sortie en France - mais pas aux Etats-Unis, d'où la version anglaise rangée au placard.

Comme Fred l'a souligné, le studio - son qui est "squatté" par les comédiens des Mystères de l'amour est bien le studio d'enregistrement construit en 1989 afin que Dorothée limite ses déplacements lorsque ses tournages ont commencé à prendre une ampleur démesurée. Ainsi, lorsqu'elle était en session d'enregistrement d'un nouvel album, elle pouvait quitter le plateau du Club Dorothée pour rejoindre le studio - son et enregistrer ses nouvelles chansons.

D'ailleurs, dans une vidéo diffusée sur la chaîne génération Club Do (visionner la vidéo ci - dessous), Bernard Minet nous fait visiter les locaux et à 2:43, on voit un écriteau de l'époque sur lequel est inscrit STUDIO SON. C'était le studio AB, qui est mentionné dans les crédits des albums de Dorothée à partir de l'opus "Tremblement de Terre". On peut y lire "Enregistré au Studio AB Productions" (album 91). D'ailleurs, dans cet album 91, on peut lire Claviers : Mel Dickopson. Il me semble avoir lu qu'il s'agissait d'un pseudonyme pour Gérard Salesses.

Au moment où le studio - son est construit et pour la conception de l'album Tremblement de Terre, Gérard Salesses va faire l'acquisition des synthétiseurs les plus sophistiqués de l'époque. Le Dorothée Magazine du 10 Octobre 1989 est consacré au nouvel album de Dorothée. On y voit une petite photo miniature de Dorothée dans le nouveau studio son accompagné de Gérard Salesses aux claviers. Dorothée semble prendre connaissance de ses nouveaux morceaux et on peut imaginer que G. Salesses lui fait découvrir les notes sur son synthé et la chanteuse prend connaissance des paroles des chansons.

Dans ce reportage, on peut lire que les disques de Dorothée sont conçus comme tous ceux des grands de la chanson. Même mieux que ça ! Dorothée bénéficie d'un des deux studios son en France, équipé d'un 48 pistes numériques ! Le must de l'enregistrement avec tous les synthétiseurs les plus sophistiqués. Sans oublier, quand même, de très bons musiciens, comme le guitariste Slim Pezin, un des meilleurs de sa génération qui travaille avec Johnny Hallyday, Michel Sardou et j'en passe.

L'album 89 poursuit le façonnement d'un son AB déjà amorcé avec les titres précédents "Attention Danger", "La machina avalé", un son typique qui se standardisera ensuite.

En tout cas, l'album TDT est extrêmement bien produit et une chanson comme "Tremblement de Terre" traverse les époques sans prendre aucune ride : le son sonne toujours aussi moderne et pop - dance / "synth - pop". C'est un son comme celui - ci qui aurait dû être utilisé pour "Coup de tonnerre" !

Dorothée avait d'ailleurs souligné à l'occasion de la promotion de son opus 89 que JF Porry et G. Salesses lui faisaient du "sur - mesure". Rien que pour cela, JLA mérite plus de considération. Il est bien souvent vilipendé par la communauté des fans mais sans lui, Dorothée n'aurait jamais eu la saveur que nous aimons tant. Comme je l'ai souligné ci - dessus, il a façonné la carrière musicale de Dorothée, il a fait preuve de patience et de persévérance pour la convaincre qu'elle avait du talent et il l'a guidé tout au long de sa carrière.

Son ascension en tant que chanteuse s'est faite progressivement et c'est aussi ce qui me fascine dans la carrière de Dorothée : son parcours de chanteuse et d'artiste scénique a été jalonné d'étapes constructives qui lui ont permis de gravir les échelons, d'élargir son public et d'atteindre une apogée en 1992. JLA a su la faire rayonner pendant toute la décennie 80 et il a construit autour d'elle une plateforme promotionnelle, le Club Dorothée, qui lui a permis de la faire exploser en tant que chanteuse. C'est à lui que l'on doit tout cela !

Elle s'est produite sur la scène de l'Olympia puis le Zénith et enfin Bercy. Tout cela s'est fait sur dix ans, dix années pendant lesquelles, il a su la produire très intelligemment.

Comme Michel Jourdan l'a souligné, "Jean - Luc a pris ce projet à bras - le corps. Il écrivait toutes les chansons avec Gérard Salesses et tous les deux, ils ont fait une équipe qui a tapé dans la cible tellement fort et tellement souvent que ça a été énorme."



https://dorotheemagazine.fr/dorothee-magazine-n4-10-octobre-1989.html?gid=1&pid=11#&gid=1&pid=36

https://dorotheemagazine.fr/dorothee-magazine-n4-10-octobre-1989.html?gid=1&pid=11#&gid=1&pid=37

Merci pour l'anecdote Choucroute. Étrange cette non autorisation de sortir la chanson aux USA. Ça devait pas correspondre aux codes de la musique du moment a ce moment là bas.

Ludo c'est toujours passionnant de te lire mais j'avais cru comprendre que ce topic était chronologique, hors la on vient de faire un bon de près de 10 ans par rapport au premier message hâte de lire ce que tu penses des 3 premières années.

Oui je digresse mon Didi <3 sourire ! Merci de me recadrer lol ! Je vais poursuivre l'analyse avec l'album de Dorothée au pays des chansons et revenir en 1980 mais ces voyages dans le temps sont passionnants, non ?

Oui oui comme je l'ai écris

Didi a écrit:Merci pour l'anecdote Choucroute. Étrange cette non autorisation de sortir la chanson aux USA. Ça devait pas correspondre aux codes de la musique du moment a ce moment là bas.

Je pense qu'ils n'en avaient surtout rien à battre et qu'ils ne souhaitaient pas sortir un produit Star Wars non supervisé par Lucasfilm. C'est bon pour les français mais pas de ça chez nous, monsieur.

Je me permets de squatter ce topic plutôt que d'en ouvrir un autre pour une question sur Do d'ordre... RH!

Savez-vous quel était son statut? Intermittente? Auto-entrepreneur? Salariée d'AB?

Est-ce qu'elle touchait un salaire fixe tous les mois mais devait tout accepter (tournages, chansons...) pour cette somme ou est-ce qu'elle touchait des cachets pour chaque prestation? Sachat qu'elle devait également percevoir un pourcentage sur les ventes de disques je suppose.

Je crois qu'elle avait pas mal d'avantages en nature comme par exemple un chauffeur qui l'emmenait et la ramenait.

Je crois aussi que les membres de l'équipe étaient officiellement "comédien" sur leurs fiches de paie (dixit Corbier).

Je ne cherche pas à savoir les sommes mais quel était précisément son statut et comment s'organisait sa rémunération.

Salariée d'AB.